Sidi Abou Sou’oud Sidi Maouloud Fall, qu’ALLAH l’agrée

Le Cheikh parfait, le Connaissant relié, affermit dans l’océan de la Chari’a et enraciné dans les connaissances des Réalités, Abou Sou’oud Sidi Maouloud Fall fils du savant célèbre Sidi Mohammed Fall dont la renommée de la science s’étendit à toutes les régions, fils du Qadi intègre maître dans la science et la religion appelé Sidi Al-lamine, fils du savant et Juge suprême (Qadi el Qoudat) Sidi Mokhtar, fils de Sidi Al Fagh Moussa l’érudit connu pour sa vaste science, fils de Sidi Ya’qoub Ja’fari el Hachimi.

Son ascendance remonte jusqu’à Seïdina Abdallah fils de Seïdina Ja’far Tayyar le martyr de Mou-ta, cousin du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) et frère de l’Imam ‘Ali, dont le Prophète bien aimé (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) a dit : « qu’il est celui qui lui ressemble le plus par le physique et le caractère. »

I. Sa naissance 

Cheikh Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) est né en 1187 H (1773/1774 ap. JC) à environ quatre-vingts kilomètres de Nouakchott (Mauritanie), dans un endroit appelé Tnifil. À cette même période, Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) se trouvait en voyage pour son pèlerinage.

Son père Sidi Mohammed était réputé pour son mérite, sa piété et sa dévotion. Il mourut à plus de quatre-vingt-dix ans alors que son noble fils avait presque atteint la vingtaine. Il fut alors sous la tutelle de son oncle Sidi Ahmed Fall pour son éducation qui a pris grand soin de lui.

Sa mère est la dame honorable, la pieuse Nadjma fille de Mohand Awbal qui fut une servante affranchie comme le furent les nobles mères des enfants de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) Sidi Mohammed el Kebir et Sidi Mohammed el Habib (qu’Allah les agrée tous deux).

Le surnom (Kuniya) de « Abou Sou’oud » lui fut octroyé à la Grande Zaouiya de Fès par ses dignitaires lors de sa visite et le responsable de l’époque, qui n’était autre que Cheikh Abi Ya’za fils du khalife Sidi Hajj ‘Ali Harazim (qu’Allah les agrée), a dit à son sujet : “S’il vivait à l’époque d’Abou Nou’aïm il l’aurait certainement inclus dans son ‘Hiliya’”. Il faisait référence au célèbre maître en Hadith Abou Nou’aïm el Asfahani (m.430 h) et de son œuvre magistrale “Hiliyat el Aouliya” (La parure des Saints…) qui est une encyclopédie regroupant les évocations de tous les maîtres et Saints depuis l’époque des compagnons jusqu’au Suivants (Tabi’ine) ainsi que les époques qui suivirent.

II. Son apprentissage 

La famille al Fagh Moussa dont est originaire Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) est illustre dans le domaine de la science et la Fatwa, c’est d’ailleurs parmi ses juristes que le Qadi principal de l’Émirat Trarza était désigné. Ils étaient de tels érudits qu’ils furent les premiers à enseigner sans besoin de lire de livre.

Ainsi, comme il était d’usage, Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) apprit le noble Qoran entièrement avec la science de sa récitation (Tajwid). Ensuite, il se plongea dans les sciences classiques telles que le Fiqh, les sciences attachées au Qoran et la langue tout comme leurs branches. Il excella dans chaque domaine à un niveau impressionnant alors qu’il était âgé de moins de vingt-cinq ans. Sa maîtrise des sciences de la langue arabe était sans égal à son époque au point que certains grands maîtres affirmaient que Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) rejoignait le savant et éminent Cheikh Firouzabadi, l’auteur du “Qamous el Mouhit”, dans sa maîtrise complète de cette discipline.

Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) s’était imprégné très tôt des rudiments du Soufisme par de simples abrégés évoqués dans la préface de certains livres de jurisprudence et de doctrine, si bien qu’il se fortifia dans l’adoration et l’isolement. Son père Sidi Mohamed Fall avait évoqué sa sainteté et sa vertu alors que Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) était en bas âge. Son frère ainé, Sidi Ahmed Fall veillait constamment à ce que son jeune frère assiste avec assiduité aux assemblées d’enseignements, car ce dernier malgré son jeune âge préférait donner plus de temps à son adoration qu’aux assemblées. Souvent son père disait à son fils aîné : “Laisse-donc Maouloud Fall dans la situation où il se trouve.”

Ainsi il reçut dès son enfance les dons de la science infuse, car malgré le fait qu’il accordait plus de temps à la purification et à la prière qu’à se consacrer à la science, il a excellé en cette dernière par la grâce d’Allah. Il s’adonnait aussi avec constance au jeûne et à la prière de nuit. Lorsque la nouvelle lune qui annonçait le Ramadan ou le mois de Rabi’ el Awwal de la noble naissance du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) survenait, il partait du village en récitant : « Moi, je pars vers mon Seigneur et Il me guidera. » (Sourate 37, verset99). Ensuite il passait ces deux mois en retraite dans l’adoration et il ne rentrait au village qu’une fois ces deux mois terminés.

Les gens se réjouissaient en le voyant rentrer comme s’il revenait d’un voyage lointain et pendant son isolement ils lui envoyaient de quoi se nourrir par le biais d’un élève. Souvent lorsque celui-ci venait déposer le récipient sous l’ombre d’un arbre à proximité de Sidi Maouloud et qu’il récupérait celui de la veille, il constatait qu’il ne l’avait pas touché tellement il était absorbé dans l’adoration de son Seigneur. À cette époque il était encore un jeune homme et n’avait pas pris la Tariqa Tidjaniya.

Il était très bon envers sa mère Saïdat Nadjma, il lui tenait compagnie et était très tendre à son égard. Parmi ses attitudes qui caractérisaient son scrupule, son renoncement, son humilité et son attachement à obtenir l’agrément Divin et à se consacrer à Lui, ainsi que dans sa conformité à la noble Sunna, il lui réclamait de poser son pied sur sa joue en disant : « Le Paradis est sous les pieds des mères ». Sa piété filiale ressemblait à celle d’Ouways Qarni (qu’Allah l’agrée) à propos duquel le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) a dit : « Le meilleur des suivants (tabi’ine) est un homme que l’on appelle Ouways, il a une mère envers qui il fait preuve de bonté, s’il adjure par Allah il l’exaucera, il a une marque blanche, allez le voir qu’il implore le pardon pour vous. » (Mouslim selon Omar (qu’Allah l’agrée) Sahih).

En effet, Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) a tenté plusieurs fois de voyager vers Fès afin de rencontrer Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret), mais sa mère ne parvenait pas à supporter d’être séparée de lui, elle l’appelait en pleurant avec déchirement. Il arrivait à entendre ses pleurs de très loin et il finissait par rebrousser chemin. Il n’a pu entreprendre son pèlerinage et sa visite à Cheikh Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) qu’après le décès de sa mère.

Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) était certes célèbre pour sa sainteté, sa vertu, sa science et son exécution du livre d’Allah et de la Sunna, mais un autre aspect de sa personnalité était notable, cela concernait les reproches intenses qu’il faisait à son Nefs. Il lui a lancé une guerre sans tolérance jusqu’à ce qu’il se soumette et s’apaise, puis il l’entendit dire d’une voix audible en dialecte arabe Hassaniya : « Certainement, je me soumets. » C’est pour cette raison que Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) jeûnait sans cesse et lorsqu’il mangeait il se contentait d’une nourriture sommaire sans raffinement et sans recherche de saveurs.

De même, il creusait une tombe dans laquelle il disposait des plantes épineuses puis il s’y allongeait et quand il en sortait il disait : « Louange à Allah, certes tu étais mort et tu as ressuscité. » Il dormait très peu à un point qui dépasse l’entendement, lorsqu’il voulait dormir il se mettait face à la Qibla en état d’ablution sur un endroit pur puis il prenait un coussin sur lequel il posait son front, en position assise comme s’il était incliné. Ensuite, il somnolait un peu jusqu’à ce qu’il s’éveille en panique tout en répétant : « Ô Allah, je cherche protection auprès de Toi contre l’œil qui ne se rassasie pas du sommeil. » Il s’allongeait rarement sauf lorsqu’il tombait intensément malade.

Il y a une autre attitude qu’il imposait considérément à son Nefs, c’était de l’humilier et le rabaisser lorsque survenaient de la prétention et de l’orgueil. Ainsi, chaque fois qu’il entrait dans une tribu il prenait sa cafetière et allait demander l’aumône dans chacune des tentes. Une fois, il voyagea avec Sidi Mohamed el Hafidh (qu’Allah l’agrée) en direction des terres de la tribu de Tandagha où se trouvaient des hommes influents. Lorsqu’ils approchèrent de leur destination, Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) s’éloigna d’eux, puis il attacha son dromadaire et il se vêtit d’une tenue rapiécé qu’il emmenait toujours avec lui. Ensuite il pénétra au sein de la tribu par un accès différent de celui par lequel entrait Sidi Mohamed el Hafidh (qu’Allah l’agrée) et il commença à demander l’aumône en faisant des reproches à son Nefs.

Lorsque Sidi Mohamed el Hafidh (qu’Allah l’agrée) prit place au sein de l’assemblée et qu’il s’aperçut de l’absence de Sidi Maouloud, il demanda après lui. L’une des personnes présentes lui dit : « Il y a peu de temps nous avons aperçu un homme au teint mat, habillé d’une tenue rapiécé, et demandant l’aumône vers le côté Est du village. » Cheikh Mohamed el Hafidh (qu’Allah l’agrée) s’exclama : « Celui-là c’est Sidi Maouloud Fall » puis il envoya quelqu’un le chercher. Quand il se présenta à lui, son Cheikh, Sidi Mohamed el Hafidh (qu’Allah l’agrée) lui demanda : « Pourquoi fais-tu cela ? » Il répondit : « Depuis notre départ mon Nefs n’a pas cessé de s’enorgueillir de chevaucher un dromadaire pour un tel voyage et plus on approchait de notre destination plus son égarement s’intensifiait. Par conséquent en faisant cela j’ai voulu le remettre à sa place et l’humilier. » Il attendait la rencontre des délégations des Zaouiya jusqu’à ce qu’elle s’installe dans l’Emirat de Trarza comme de coutume, puis il circulait parmi eux en demandant l’aumône, en signe de reproche et d’avilissement pour son Nefs.

De même, il ne tolérait pas chez ses élèves et ses enfants l’attachement aux tenues prétentieuses, ni les démonstrations d’arrogance et de luxe. Une fois son fils Sidi Mohamed el Amine, dont la mère est la sœur de Sidi Mohamed el Hafidh (qu’Allah l’agrée), se pavana pour attirer l’attention sur son rang privilégié ayant dans la lignée deux Cheikh. Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) l’aperçut dans cette apparence de faste, sa longue chevelure délicatement soignée, son habillement relâché en toute vanité et arrogance. Il se rua alors vers lui, lui coupa ses cheveux, puis roula sa tête contre la terre et le ligota. Cheikh Mohamed el Hafidh (qu’Allah l’agrée) en fut informé et il se précipita pour aller délivrer Sidi Mohamed el Amine de sa captivité, car personne n’osait le faire en raison de la sévérité de Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) en cet instant. C’est d’ailleurs dans ce contexte que Cheikh Mohamed el Hafidh (qu’Allah l’agrée) avait dit sa célèbre devise : « Nous n’obtempérons pas à notre Nefs dans l’illicite, mais quant à ce qui est licite nous ne l’en privons pas. »

Parmi les reproches que s’imposait Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée), il y a le fait que lorsqu’une chose le réjouissait il implorait Allah pour qu’Il l’en prive. Un jour il aperçut ses deux fils Mohamed el Amine et Mohamed ‘Abdallah dans une situation réjouissante. Lorsque son Nefs s’est plu à les contempler il s’est dit : « Il n’y a pas meilleure récompense que l’approche d’Allah en compensation de ceux-là » puis il invoqua : « Ô Allah, prends ces deux-là auprès de Toi et compense-les moi par ta récompense » et ils tombèrent à terre sur-le-champ, étendus. Mohamed ‘Abdallah décéda sur l’instant et Mohamed el Amine fut étreint de chagrin par sa mère, alors Cheikh Abou Sou’oud dit : « Ô Seigneur, je vois qu’elle pleure à cause de Mohamed el Amine, laisse-le lui » Mohamed el Amine se redressa comme s’il ne s’était jamais écroulé, tandis que Mohamed ‘Abdallah fut enterré le jour même.

III. Le départ pour la recherche d’un Cheikh éducateur

Il quitta son village se trouvant dans la région de Tnifil alors âgé d’environ trente-quatre ans, accompagné de sa mère et d’une ou deux de ses sœurs. À cette même époque, Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) s’était déjà installé à Fès et la Zaouiya était construite. Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) s’installa dans le village de Tinchikal dans la tribu des Aoulad Alfagh Elamine et épousa sa première compagne Saïdat Oum Nabiy. Il commença à enseigner diverses disciplines officieusement tels que le Qoran, la jurisprudence, la grammaire… Il eut plusieurs élèves qui s’attachèrent à lui et sa sainteté fut célèbre dans cet endroit.

C’est aussi dans ce village qu’il reçut l’annonce spirituelle de se rendre auprès de Cheikh Mohamed el Hafidh (qu’Allah l’agrée) afin de s’affilier à la Tariqa Tidjaniya. Il existe plusieurs versions sur les circonstances de cette annonce, la plus appuyée d’entre elles stipule que ce fut par le biais du dévoilement d’un saint et Majdhoub célèbre, aux prodiges nombreux, Sidi Salahi Would Mohamadan (qu’Allah l’agrée). Ce noble personnage lorsqu’il arrivait dans un village avait pour habitude de demander à ce qu’une tente lui soit dressée, puis il prédisait à chaque visiteur des choses surprenantes qui défiait l’entendement.

Une fois, il s’installa dans un village non loin de l’endroit où se trouvait Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) et ce dernier, malgré son temps consacré à l’adoration, entreprit de le visiter car il était toujours assoiffé dans sa quête d’un Cheikh éducateur. Or juste en arrivant à la porte de la tente il l’entendit lui dire : “Fils de Nouaïdjma (diminutif de Nadjma sa mère) ! Qu’attends-tu ? Pars donc à la rencontre de Cheikh Mohamed el Hafidh dans la terre des Idaw’Ali car il est revenu avec une Tariqa qui n’a pas de précédent. Pars donc le trouver afin de prendre une part de ce lait que je t’ai désigné.

C’est à partir de cet instant qu’il partit à la recherche de Cheikh Mohamed el Hafidh (qu’Allah l’agrée) en parcourant les terres des Idaw’Ali dans la contrée de El ’Aql. Lorsqu’il interrogea à son sujet il fut informé qu’il se trouvait dans la région de Tandgha el Arba’ine, car Cheikh Mohamed el Hafidh (qu’Allah l’agrée) avait des camps dans ces deux contrées, celle de El ‘Aql et celle de Tandgha el Arba’ine. Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) parvint enfin dans le village où se trouvait Sidi Mohamed el Hafidh (qu’Allah l’agrée), il laissa son dromadaire et questionna à son sujet puis on le guida jusqu’à sa tente. À cette époque Cheikh el Hafidh (qu’Allah l’agrée) n’était pas encore marié et vivait avec sa sœur Saïdat Amina bint de Mokhtar would Habib, et c’est devant leur tente que s’accomplissait l’assemblée du Wadhifa.

Ce fut au cours de cette nuit que les deux hommes se rencontrèrent pour la première fois, une rencontre des plus chaleureuses, et c’est aussi au cours de cette nuit que Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) apaisa son feu intérieur en s’affiliant à la Tariqa Tidjaniya auprès de lui. La Tariqa Tidjaniya en était à ses débuts, elle venait de faire son apparition au sud de la Mauritanie, car Sidi Mohamed el Hafidh (qu’Allah l’agrée) l’avait dissimulée conformément au conseil que lui avait octroyé Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et l’évènement qui l’avait dévoilé était encore récent (cf. Compagnon Sidi Mohamed el Hafidh Chingiti). Dès le premier instant Sidi Mohamed el Hafidh (qu’Allah l’agrée) ressentit et respecta grandement la position de Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée). Dès lors, il lui confia le titre de Mouqadem et lui offrit la main de sa sœur. Il lui enseigna tout sur la Tariqa, le mérite particulier de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et de son rang de Pôle Caché.

IV. Son retour et départ de Tinchikal

Après une période de formation, Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) retourna dans son village pour prendre des nouvelles de sa famille, sa fille aînée Miryam avait accouché précédemment. Après avoir passé quelque temps à Tinchikal, il se prépara à partir définitivement afin de rejoindre la compagnie de son Cheikh en dépit de l’immense tristesse des Aoulad Alfagh Elamine. Quant à Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) c’est sans regret qu’il partit, car depuis son départ de sa ville natale il ne recherchait que l’accès à la Connaissance d’Allah et la relation avec Lui.

Il n’avait que faire de la haute position de sainteté et de vertu que lui attribuait les gens du village, mais ces derniers ne purent se résoudre à le laisser partir. Les hommes du village ainsi que les anciens s’opposèrent à ce voyage d’adieu alors Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) parlementa sagement et longuement avec eux, en présence de sa famille ainsi que de ses disciples jusqu’à ce qu’ils se résignent à le laisser partir. Après cela, Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) prit la route en compagnie de sa mère et de sa tante afin de rejoindre les terres des ‘Alawiyyne où il s’installera pour le restant de sa vie. Par la suite, il retourna à plusieurs reprises en visite à Tinchikal, car il y avait laissé de nombreux élèves. En compagnie de son Cheikh, il se comporta en tant que véritable disciple engagé dans la grande guerre contre son âme, dans la bienséance, dans le respect de son droit, veillant à satisfaire ses besoins et à être à son service.

V. Ses voyages

Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) a entrepris quatre voyages important durant sa vie :

A. Un premier voyage pour Fès, en 1230 H (1815 ap. JC)

B. Un second voyage pour Fès en 1233 H (1817/1818 ap. JC)

C. Son pèlerinage en 1250 H (1834/1835 ap. JC)

D. Son voyage pour rencontrer le célèbre Cheikh Hajj ‘Omar Foutiyou (qu’Allah l’agrée) au commencement de son Djihad en 1261 H (1845 ap. JC)

A – Son premier voyage pour Fès

C’est en 1230 que Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) entreprit de voyager en direction de Fès, du vivant de Cheikh Mohamed el Hafidh (qu’Allah l’agrée). Ce noble dessein l’a habité depuis qu’il a connu la Tariqa et qu’il entendit à maintes reprises son Cheikh dire : « Cheikh Tidjani m’a dit que le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) lui a dit ceci et cela… » Son amour envers Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) s’est enraciné en son cœur et il se disait : « Il faut absolument que je rencontre cet homme majestueux qui prend directement du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) sans intermédiaire. »

Durant ce premier voyage vers Fès il fut accompagné de Sidi Abdallah would Mohammadan would Sidi Elamine et d’autres personnes. Il voyagea en l’an 1230 sur un dromadaire depuis le village de El ‘Aql et sur sa route il passa à Tinchikal pour s’informer sur la situation de sa famille et saluer des connaissances. Lorsque la caravane approcha du village, Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) ordonna à ses compagnons d’entrer par le côté Sud et de ne surtout pas entrer par le côté Est en disant : « Du côté Est se trouve une femme dotée du dévoilement et je crains qu’elle nous annonce ce qui nous déplaira. »

Ainsi, ils entrèrent comme convenu par le côté Sud mais ils ne passèrent que très peu de temps dans leurs tentes avant que la femme en question surgisse à eux. C’était la Sainte vertueuse fille d’Ahmed el ‘Aql et elle s’appelait Bayah (qu’Allah l’agrée) selon les versions, elle détenait le dévoilement et Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) la connaissait déjà. Saïdat Bayah (qu’Allah l’agrée) approcha de la tente en s’appuyant sur son bâton, elle s’arrêta devant et lui dit : « Ô Sidi Maouloud Fall ! J’ai rencontré ton Cheikh (Seïdina Ahmed Tidjani) hier et il m’a informé que tu ne pourras pas le rencontrer dans ce monde, mais sache que toutes tes demandes et tous tes désirs ont été satisfaits. » Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) s’exclama : « Au Nom d’Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux, il n’y a de force et de puissance qu’en Allah le Très Haut, l’Immense. »

Saïdat Bayah bint Ahmed el ‘Aql (qu’Allah l’agrée) ajouta : “La preuve certifiant ce que je viens de te dire c’est qu’aujourd’hui est le premier jour où tu t’es levé sans avoir accompli ton Chaf’ et ton Witr. Hier j’ai vu le démon passer précipitamment devant moi et je l’ai interrogé : ‘Où te diriges-tu ainsi ô ennemi d’Allah ?’ Il me répondit qu’il partait pour te détourner de la prière de Chaf’ et Witr. Je lui dis alors : ‘Qu’Allah te maudisse ! Penses-tu être capable d’accomplir cela ?’ Il me répondit : ‘Je ne suis pas comme tu t’imagines, c’est moi la cause des évènements entre les compagnons et l’attisement des conflits entre eux, et j’ai fait cela et cela…’ Et il continua à m’énumérer toutes ses intrigues. En effet, lorsque Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) et ses compagnons de voyage comparèrent plus tard la date du décès de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) avec celle annoncée par cette noble dame, elle concordait exactement.

Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) continua sa route et sur le chemin ils passèrent dans un lieu habité par le savant Mohand Babah would A’bid el Dimani (qu’Allah l’agrée). Il avait eu une vision surprenante que nous évoquerons plus loin. Il raconta sa vision à Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) qui l’annonça comme bonne nouvelle à ses compagnons, puis Sidi Mohand Babah (qu’Allah l’agrée) s’entretint avec lui et profita de sa science profonde en diverses disciplines. Lorsqu’ils évoquèrent ce qui a trait à la Tariqa Tidjaniya, Sidi Mohand formula son envie de s’affilier et Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) la lui transmit avec les conditions connues. Sidi Mohand Babah (qu’Allah l’agrée) devint ainsi l’un des plus grands défenseurs de la Tariqa. Sidi Mohand Babah se plaignit également à Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) au sujet d’un puits qu’il venait de creuser, mais dont l’eau était saumâtre. Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) lui donna une canne qu’il avait et lui ordonna de la plonger dans le puits, à cet instant l’eau devint douce et rafraichissante, il fut nommé El Mouzamzama.

Il continua son trajet en direction de Fès et sur la route il passa par Ouadane, là-bas un savant réputé entra dans la Tariqa dans ses mains. Il s’agit de Sidi Bane Oume would Hamma Khtar el Hajji el Ouadani (qu’Allah l’agrée), il était affilié à la Qadriya par la voie Kountiya puis il la délaissa pour s’affilier à la Tariqa Tidjaniya. De ses mains allaient naître des sommités en Islam et dans la Tariqa.

Les voyageurs continuèrent leur route en traversant le désert jusqu’à enfin arriver à Fès. Seulement en cette période la peste sévissait dans la ville et ils répugnèrent à entrer conformément à la recommandation religieuse réprouvant de sortir et d’entrer d’un endroit où elle sévit. Un matin cependant, Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) leur dit : « Nous entrerons à Fès, les Alliés d’Allah (Aouliya) s’en remettent en tout à leur Seigneur, or nous avons cette garantie s’il plait à Allah, car nous sommes les disciples de Cheikh Tidjani et il a dit que celui qui prend son Ouird devient un Wali. » Après cette annonce ils pénétrèrent dans la ville et jamais par la suite ils ne furent affectés par la peste.

Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) fut extrêmement joyeux de son entrée au quartier Blida tellement son désir de visiter Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) était grand, et comme cela a été évoqué précédemment, il venait de décéder il y a peu. Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) s’installa à la Zaouiya où il fit la rencontre des grands compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) qui furent éduqué directement par lui, comme Sidi Mohamed el Ghali Abou Taleb, Cheikh Abou Ya’za Berada, Cheikh Abdelwahid et d’autres (qu’Allah les agrée). Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) se mit entre leurs mains afin de tout savoir au sujet de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret), de sa station, de sa Tariqa, ce qu’il recueillit abondamment de leur part.

Les gens de Fès furent stupéfaits de découvrir l’étendue de son savoir et la valeur de sa piété, il fut respecté et honoré. Parmi les évènements qui confirmèrent son rang particulier, il y a le fait qu’en de maintes occasions pendant l’assemblée de la Wadhifa des personnes de confiance virent Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui faire face de manière insistante. L’un des Khalifes de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui remit de sa part, le tapis, la Soubha, la canne et le pot à ablutions du Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret).

Notre personnage (qu’Allah l’agrée) resta constamment au côté de Sidi Abou Ya’za fils du Khalife particulier Sidi Hajj ‘Ali Harazim Berada (qu’Allah les agrée tous deux). Il fut l’un des plus instruits parmi les compagnons et il faisait partie des six personnes à qui Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) de son vivant octroya une autorisation sans limite (Moutlaq). Il resta plusieurs mois à Fès, par moment recevant l’éducation et par moment distribuant la science à de nombreux gens venus l’entourer et noter ses dires.

Au cours de son séjour à Fès, Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) demanda à Cheikh Abou Ya’za (qu’Allah l’agrée) l’autorisation pour certains secrets particuliers de la Tariqa, mais ce dernier lui répondit : « Ce voyage tu l’as accompli spécialement pour visiter Cheikh, donc je ne pourrais t’accorder ta demande que lorsque tu retourneras chez ta famille et que tu reviendras une autre fois pour cette demande ». Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) prit en compte la condition et retourna auprès des siens avec des profits inestimables.

B. Le second voyage pour Fès

Entre son retour du premier voyage et le second, il ne s’est écoulé que six mois. Malgré la difficulté du voyage il retourna de nouveau à Fès, remplissant ainsi la condition de Cheikh Abou Ya’za (qu’Allah l’agrée), où il arriva en paix et où il profita à nouveau du savoir ainsi que des lumières des Chouyoukh de la Zaouiya. Il repartit en ayant reçu une Ijaza (autorisation) de plusieurs grands compagnons qui avait pris directement de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : Sidi Abou Ya’za, Sidi Mohamed el Ghali, Sidi Hafiane, Sidi Abdrahman Berada, Sidi Abdelwahid Boughaly, Sidi Taïeb Sefiani, (qu’Allah les agrée tous). Sidi Abou Ya’za (qu’Allah l’agrée) lui autorisa dans quatre secrets de la Tariqa qu’il n’avait jamais accordé à personne avant lui et qui sont : La Fatiha avec l’intention du Nom Suprême, Hizbou-l-Bahr, El Asma Idrissiya, et El Yaqoutati-l-Haqa-iq.

C’est ainsi que Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) obtint son butin et les maîtres de la Zaouiya le surnommèrent par l’appellation de : « Abou Sou’oud » en disant : « Personne ne nous a visités tel Abou Sou’oud, notre maître Maouloud » Ils ont dit aussi à son sujet : « La Tariqa Tidjaniya est comme un arbre, Cheikh Mohamed el Hafidh est venu avec ses branches et Sidi Maouloud Fall l’a succédé en les enracinant. »

C. Le départ pour le pèlerinage

Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) entama son pèlerinage en l’an 1250 H (1834/1835 ap. JC), il souhaitait le faire bien avant, mais sa mère Saïdat Nadjma ne pouvait supporter d’être séparée de lui. De ce fait ce n’est qu’après son décès qu’il put partir pour le Hijèz et son Cheikh Sidi Mohamed el Hafidh (qu’Allah l’agrée) était décédé depuis 1247. Ce voyage dura quatre années entre le départ et le retour, cette longue durée s’expliquant par le fait que d’une part le Hijèz était une terre très éloignée, et d’autre part du fait qu’il veillait à ne pas faire un pas sans évoquer Allah et prier sur le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). De même, il se mit au service de l’Islam et de la Tariqa en les propageant tout au long de son parcours et il s’arrêta parfois pendant un mois lorsqu’il nommait un Mouqadem dans une nouvelle région.

Durant ce périple il fut accompagné de plusieurs personnes, dont le savant érudit et Mouqadem Mohammed would ‘Abdallah would Wadi’ah qui d’ailleurs décéda au cours du trajet. Ils passèrent par Tombouctou au Mali, par le Nigéria, par le Tchad, par le Soudan et dans chacune de ces contrées il laissa un Cheikh Mouqadem dans la Tariqa, ainsi il fut le premier à propager la Tariqa en Afrique de l’Ouest. Parmi les hautes personnalités qu’il initia au nord du Nigéria, il y a le Cheikh Moudibou Ahmed Raji (qu’Allah l’agrée) à qui il délivra une autorisation sans limite et certains secrets de la Tariqa Tidjaniya qui venait par cela faire sa première apparition au Nigéria.

Il en est de même pour le Soudan qui fut initié par Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) à travers le Cheikh Sidi Wade Douleyb (qu’Allah l’agrée), et cela suite à l’ordre qu’il reçut de l’esprit du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) resta un mois à éduquer son nouveau disciple puis il reprit son chemin en direction des Lieux Saints où il arriva en paix et en sécurité. Après avoir accompli toutes les étapes du Hajj, il resta une longue période à profiter de ces endroits bénis. Là-bas il rencontra aussi un savant majestueux, descendant de l’imam ‘Abdelwahhab Cha’rani, il s’agit de Sidi Cheikh Ahmed Lahboune (qu’Allah l’agrée) originaire du Tchad et qui fut la première personne de ce pays à prendre la Tariqa Tidjaniya. Par la suite, et à partir de lui, cette chaîne de transmission se propagea au Tchad, au Cameroun, au Niger, en Lybie et au Soudan. Ensuite, en l’an 1255 Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) prit le chemin du retour.

D. Sa rencontre avec Cheikh ‘Omar Foutiyou (qu’Allah l’agrée)

Cette rencontre se déroula après le retour de Hajj ‘Omar (qu’Allah l’agrée) des Lieux Saints en lesquels il obtint la science particulière et le titre de Khalife auprès de Sidi Mohamed el Ghali (cf. Dossier : Hajj ‘Omar Foutiyou Tall). Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) entendit parler de lui et de son effort pour l’Islam et la Tariqa. De plus Hajj ‘Omar (qu’Allah l’agrée) prit en premier la Tariqa par Cheikh Abdelkarim Naqil, lui-même disciple de Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) qui fut éduqué pendant plusieurs années en étant à son service. Puis il reçut l’autorisation de transmettre la Tariqa Tidjaniya chez lui, au Fouta Djallon, ce qu’il fit en grand nombre dans cette région et Hajj ‘Omar Foutiyou (qu’Allah l’agrée) fut son disciple.

Par conséquent, Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) quitta sa région afin de rencontrer ce noble personnage accompagné dans son voyage par le savant Sidi Mohammed ‘Ali would Mohand. Ce dernier fut confié par ses parents à Sidi Maouloud Fall afin d’être sous sa tutelle. Lorsqu’il arriva auprès de Hajj ‘Omar (qu’Allah l’agrée), ce dernier était engagé dans des pourparlers avec des responsables de l’armée française. Il fut extrêmement content de cette rencontre et honora Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée). Il l’installa dans une demeure réservée et délégua des gens à son service tout en prenant soin de le visiter chaque jour.

Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) fut très impressionné par Hajj ‘Omar (qu’Allah l’agrée) et son savoir, d’ailleurs il corroborait l’ensemble de ses dires sauf à deux exceptions près. L’une de ces exceptions fut lorsque ce dernier expliqua que Sidi Mohamed el Ghali (qu’Allah l’agrée) lui avait dit au sujet du secret de la Sourate Fatiha avec l’intention du Nom : « Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) m’a dit :Fais bien attention de ne jamais la compléter à cent fois” ». Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée), par bienséance, se tut devant Hajj ‘Omar (qu’Allah l’agrée) puis lorsqu’il se leva et s’en alla, il rectifia en disant : « En fait Cheikh ‘Omar n’a rencontré des disciples de Cheikh que Sidi Mohamed el Ghali. Quant à moi j’ai pu rencontrer un nombre important d’entre eux et tous m’ont certifié que Cheikh peu de temps avant son décès, je crois le jour même ou la veille, a autorisé sans limite pour certains de ses disciples. » Parmi ces disciples il y avait Sidi Abou Ya’za (qu’Allah l’agrée) et c’est lui notamment qui avait autorisé Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) sans limite.

Lorsque Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) voulut prendre la route du retour, Hajj ‘Omar (qu’Allah l’agrée) lui fit don d’un sac rempli de pièces d’or pur, Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) le prit, mais le lui redonna en disant : « J’ai n’ai aucun besoin d’or, utilise-le plutôt pour t’aider dans ton Djihad » et il ajouta : « Par contre le cadeau que je désirerais de ta part c’est une copie de ton livre “Rimah” ». Aussitôt Hajj ‘Omar (qu’Allah l’agrée) délégua un nombre important de ses disciples afin que chacun recopie une page du livre et en très peu de temps le livre fut prêt. Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) retourna combler par ce qu’il avait vu de Cheikh ‘Omar (qu’Allah l’agrée) et aussi de son célèbre livre « Rimah ». Il avait dit lors de son retour : « Les gens de la Tariqa n’accorderont pas à Cheikh ‘Omar sa véritable valeur s’ils n’embarquent pas dans son bateau et ne s’éclairent pas de sa pleine lune. » Il disait souvent : « Ne pas rencontrer Cheikh ‘Omar est un malheur dans la religion. » Il a dit également : « Je me suis rendu auprès de lui en croyant être un Cheikh pour lui, alors que c’est lui le Cheikh. »

VI. Ses maîtres

Nous avons évoqué le nom de plusieurs de ses maîtres par la compagnie desquels il obtint un si haut degré dans la Tariqa. Il a été relaté que ses principaux maîtres dans la science apparente furent son frère le savant Ahmed Fall et son oncle Sidi ‘Abdallah would Alamine, bien qu’en même temps la science chez lui, fut un don octroyé et englobant.

Quant à ses Chouyoukh dans la Tariqa, il a lui-même évoqué qu’il rencontra un grand nombre des compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) auprès de qui il tira d’énormes profits. En ce qui concerne ceux qui lui délivrèrent une autorisation il y a :

1 – Le grand Khalife Sidi Mohamed el Hafidh (qu’Allah l’agrée) :

C’est par lui, en tout premier lieu, qu’il accéda à la Tariqa Tidjaniya. Il l’éduqua en lui faisant franchir toutes les étapes et en lui apprenant à connaître Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Sidi Mohamed el Hafidh (qu’Allah l’agrée) fut le précurseur qui apporta le butin de la Tariqa Tidjaniya dans sa région. Il avait d’innombrables mérites et de nombreux prodiges, parmi ceux-là le fait qu’après son décès il apparaissait à l’état de veille à son épouse, la Connaissante en Allah Saïdat Hatout (qu’Allah l’agrée). Elle faisait ses ablutions puis s’orientait vers la Qibla en couvrant son visage et de là il lui apparaissait, les gens lui transmettaient des questions et elle revenait avec sa réponse. (cf. rubrique : « compagnons »)

2 – Sidi Abou Ya’za fils du Khalife Sidi Hajj ‘Ali Harazim (qu’Allah l’agrée) :

Parmi ses maîtres il y a le Mouqadem de grande valeur, fils du Khalife particulier Sidi Hajj ‘Ali Harazim (qu’Allah les agrée tous deux). Il est resté en longue compagnie avec lui et leur fraternité a atteint les sommets. Sidi Abou Ya’za (qu’Allah l’agrée) lui a confié des secrets de la Tariqa qu’il n’avait jamais octroyé et il lui a enseigné tout ce qui a trait au savoir de cette noble voie prophétique.

Sidi Abou Ya’za (qu’Allah l’agrée) était très proche de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret), il l’a pris sous sa tutelle après le départ de son père pour le Hijèz où il décéda. Il faisait partie des hommes de confiance que Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) envoyait comme messager pour les habitants du désert ou vers toute autre destination. Il était connu pour son honnêteté, sa piété et son affermissement dans la religion, il faisait également partie des dix compagnons pour qui le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) a garanti la Grande Ouverture à Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Il fait partie des plus majestueux Mouqadem et il fut la cause de la Grande Ouverture de nombreuses personnes affiliées à travers lui. Il possédait une autorisation sans limite et générale pour toutes les oraisons, tous les secrets et particularités qu’il a obtenus par le célèbre Mouqadem et Connaissant Sidi Mohammed ibn Abdelwahid Bannani (qu’Allah l’agrée). Et c’est de cette autorisation dont fut gratifié Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée).

3 – Sidi Mohamed el Ghali Abou Taleb (qu’Allah l’agrée) :

Ce noble personnage est connu, il fut l’élite de l’élite parmi les compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret), et des dix qui reçurent la garantie du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) de la Grande Ouverture. Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) le rencontra lors de sa seconde venue à Fès, et c’est par lui que l’information de son installation aux lieux saints fut connue jusqu’à arriver à Cheikh ‘Omar Foutiyou (qu’Allah l’agrée) qui dès lors chercha à le rencontrer. Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) reçut une autorisation de sa part et des secrets (cf. rubrique : « compagnons »).

4 – Sidi Abdrahman Berrada (qu’Allah l’agrée) :

Il fut l’une des élites parmi les compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) qui le respectait énormément et ne l’appelait qu’en utilisant le terme de « maître ». (cf. rubrique : « compagnons ».) Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) le rencontra à Fès et reçu l’autorisation de sa main, il reçut aussi de lui de grands savoirs dans la Tariqa.

5 – Sidi Taïeb Sefiani (qu’Allah l’agrée) :

Le wali célèbre, le Chérif authentique et Mouqadem particulier. Il fut l’un des Imam officiellement désignés qui dirigeaient la prière à la Zaouiya de Fès après le décès de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Il fut l’auteur du célèbre livre « El Ifadatou-l-Ahmediya » regroupant les propos de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et classé par ordre alphabétique. Il rencontra Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) à Fès où ce dernier profita de ses connaissances et où il reçut une autorisation de sa part. (cf. rubrique : « compagnons »)

6 – Sidi Mohamed Charqi El ‘Amri connu sous l’appellation de Hafiani (qu’Allah l’agrée) :

Parmi ses maîtres, figure aussi ce noble personnage qui a pris directement de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et qui a puisé de ses connaissances. Il autorisa Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) en tout ce qu’il possédait d’entre les secrets et connaissances recueillies auprès de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret).

7 – Sidi Abdelwahid Boughaly (qu’Allah l’agrée) :

Le Mouqadem exemplaire, le Chérif authentique, l’une des élites parmi les compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et détenteur de la Grande Ouverture. Il s’adonnait à l’adoration et se consacrait à la mosquée. Il autorisa Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) dans les secrets qu’il détenait.

VII. Ses disciples

Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) fut la cause directe ou indirecte de l’étendue de la Tariqa en Afrique Subsaharienne, il est présent dans toutes les majestueuses chaînes de transmission. On le retrouve bien entendu en Mauritanie, mais aussi chez Hajj ‘Omar Foutiyou, Chez Hajj Malik Sy, chez Sidi ‘Arbi ibn Sa-ih, chez Cheikh Hajj Abdallah Niass (qu’Allah les agrée tous), on le retrouve au Sénégal, au Soudan, au Tchad, au Nigéria et bien d’autres contrées.

Nous allons évoquer quelques-uns de ses célèbres disciples par lesquelles la Tariqa Tidjaniya s’est propagée.

1 – Sidi Ahmed « Abah » fils du Khalifat Mohamedi « Bada » Hassane Tariq fils de Saydayne (qu’Allah l’agrée) :

Il était un savant renommé et une illustre figure de la Tariqa, détenteur de la Grande Sainteté. Il tint compagnie à Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) après le décès de son père Sidi Mohamedy en l’an 1264 H (1847/1848 ap. JC) de qui il avait hérité spirituellement et c’est par Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) que cet héritage porta ses fruits.

Une fois, en passant, il entendit quelqu’un se vantant de sa position d’héritier spirituel et de Machaykh, il lui dit alors : « Sache que mon père m’a délégué bien plus que ce que le tien t’a délégué et pourtant j’ai passé de nombreuses années à me précipiter sous la chamelle verte » ; c’est-à-dire la chamelle à Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée). Par cette allusion il mentionnait la nécessité de la compagnie d’un Cheikh et de l’éducation sous ses mains. Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) lui accordait la primauté et il disait que la raison de cette primauté était que Sidi Ahmed ibn Bada avait atteint le rang de son père Cheikh Bada Hassane Tariq. Il a été rapporté qu’une fois Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) voyagea avec notre personnage et Sidi Mokhtar would Babane, puis il se tourna vers ses deux disciples et dit à Sidi Mokhtar : « Sois mon témoin que j’ai pris cet Ahmed comme mon aimé et mon ami. »

À partir de Sidi Ahmed la Tariqa prit une grande envergure et de nombreux Connaissants et maîtres parfaits émanèrent de son éducation. Il suffit comme exemple le Cheikh ‘Abdallah ibn El Hajj, le Pôle de la Tariqa et la Kaaba de la Haqiqa ainsi que l’éminent Connaissant Sidi Mohamed el Kebir ibn ‘Abbas el ‘Alawi (qu’Allah les agrée). Sidi Ahmed est né en l’an 1236 H (1820/1821 ap. JC), après le décès de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret), et il est mort en 1322 H (1904/1905 ap. JC).

2 – Sidi Mokhtar would Mohamadan would Babane (qu’Allah l’agrée) :

Sidi Mokhtar fut éduqué des mains de Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée), il était détenteur d’états et de prodiges et possédait une adoration dévouée. Il faisait partie des gens particuliers dans la Tariqa, de qui émanaient le scrupule, le renoncement et la science. Il était un maître en Hadith et un spécialiste en grammaire au point qu’il fut assimilé à Sibawayh et Ibn Malik dans la maîtrise parfaite de cette discipline.

Une fois, Sidi Mohamed Fall rechercha notre personnage et il apprit qu’il se trouvait chez la famille d’Ahmed would Babane. Il demanda un endroit où il pourrait s’allonger et l’épouse de Sidi Ahmed lui dit : “Cet endroit est le lieu de Sidi Mokhtar mais il ne viendra pas, car il passe la nuit debout en prière.

Une autre fois, il voyagea avec une autre personne et ils firent une halte dans un village où ils ne trouvèrent rien pour dîner. La personne qui l’accompagnait entendit Sidi Mokhtar en train de mâcher, il pensa un instant qu’on lui avait envoyé de quoi manger, mais il s’aperçut que Sidi Mokhtar était en train de se délecter de l’accomplissement de la Salat Fatihi.

Sidi Mokhtar (qu’Allah l’agrée) reçut le dépôt de s’occuper du fils aîné de Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) après son décès et nommé Cheikh Tidjani. Une fois que ce dernier eut atteint l’âge de maturité, Sidi Mokhtar lui enseigna tous ses secrets, tous ses documents et il lui transmit le Taqdim (titre de mouqadem) en disant : Rendez la grâce d’où elle est venue.

Il a été rapporté aussi à son sujet qu’une fois il creusa un point d’eau avec le fils de Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée), mais voilà qu’un oppresseur imposant voulut leur usurper l’eau, ils l’en empêchèrent. Après quelques pourparlers il leur proposa : “Si l’un parmi vous est capable de me battre à la lutte alors je m’en irais et je vous laisserais l’eau. Par contre dans le cas contraire vous devrez me laisser la prendre.” Sidi Mokhtar (qu’Allah l’agrée) dit au fils de Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) : “Lève-toi à lui” et Cheikh Tidjani était réputé pour sa grande force, il renversa l’agresseur qui leur dit, alors qu’il était assis à l’endroit de sa chute :Par Allah ! C’est seulement cet homme mûr au teint jaune qui vient de me renverser en parlant de Sidi Mokhtar (qu’Allah l’agrée).

Une fois également le frère de Sidi Mokhtar, qui s’appelle Sidi Ahmed, fut touché par la misère et il contracta des dettes, il ne supporta plus son lieu et s’apprêta à s’exiler. Sidi Mokhtar (qu’Allah l’agrée) en entendit parler et il emmena son frère jusqu’à un ruisseau, puis il creusa un trou et voilà que celui-ci déborda de pierres précieuses. Sidi Mokhtar (qu’Allah l’agrée) lui dit : “Viens prendre ici ce dont tu as besoin. Ne gaspille point et surtout garde cette affaire secrète.” Son frère devint le plus riche d’entre les gens, mais ne garda pas le secret lorsque des membres de sa famille eurent connaissance de sa situation. Aussi, l’endroit en question disparut à la vue des gens et malgré le nombre important de personnes partis à sa recherche, ils ne purent jamais le retrouver.

Il a été mentionné que Sidi Mokhtar (qu’Allah l’agrée) rencontra les compagnons du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) et parmi eux il évoqua sa rencontre avec les dix annoncés au Paradis. Il rencontra aussi l’ensemble des Saints et à chacun il demandait : “Est-ce que vous connaissez Maouloud Fall le disciple de Cheikh Tidjani ?” Ils lui répondirent tous : “Nous le connaissons depuis le premier jour de son affaire et ils le décrivirent avec des caractéristiques surprenantes et, parmi elles, que Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) était telle la pleine lune.

Sidi Mokhtar (qu’Allah l’agrée) mourut à Bousdira et fut inhumé au côté de son Cheikh Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) à Timbi ’Ali.

3 – Sidi Mohand Babah would A’bid el Dimani (qu’Allah l’agrée) :

Parmi ses disciples figure le Qadi de renom, le savant unique en son époque dans le domaine de la jurisprudence, Sidi Mohand Babah (qu’Allah l’agrée). Son entrée dans la Tariqa Tidjaniya eut lieu par la cause d’une vision surprenante. Il avait fait un rêve, juste avant de rencontrer Sidi Maouloud Fall qui était à ce moment-là en voyage, où il vit le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) venir sur son dromadaire avec des compagnons de voyage, et sa monture baraqua devant sa tente, puis il vit qu’on installa pour le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) une sorte de tente en peau ayant l’aspect d’un dôme et il vit également le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) dans une assemblée de Dhikr devant sa tente.

Sidi Mohand Babah (qu’Allah l’agrée) n’attendit que quelques jours avant de voir surgir Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) qui était en route pour Fès. Il avait la même apparence que celle vue dans son rêve, son dromadaire baraqua au même endroit et on lui installa une tente identique à celle de son songe. Après le Maghreb, il vit Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) et ses compagnons prendre place en assemblée pour évoquer la Wadhifa. Sidi Mohand Babah (qu’Allah l’agrée) s’exclama alors : « Voilà l’interprétation de mon rêve de jadis. Allah l’a bel et bien réalisé… » (Sourate 12 Youssuf, verset 100). Il raconta alors sa vision à Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) et prit la Tariqa dans ses mains.

Sidi Mohand Babah (qu’Allah l’agrée), dans un écrit décisif reflétant sa science sans pareille et l’étendue de son savoir, s’opposa aux critiques virulentes de Diyaija el Kumlayli contre Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et sa Tariqa.

Sidi Mohand Babah would A’baïd (qu’Allah l’agrée) mourut la nuit du mercredi 4 Safar 1277 H (22 Août 1860 ap. JC) à l’âge de quatre-vingt-douze ans.

4 – Sidi Baba would Ahmed Bibih el ‘Alawi (qu’Allah l’agrée) :

Parmi ses proches compagnons se trouve notre personnage qui était un savant enraciné dans la Chari’a et qui avait un amour intense envers Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret), il a par ailleurs composé de nombreux poèmes élogieux à son égard.

Lorsque Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) décéda à Timbi ‘Ali, Sidi Baba se trouvait à plus de douze kilomètres au sud, allongé sur sa couche, car il souffrait des genoux. Les gens qui le côtoyaient voulurent ne pas l’informer de la triste nouvelle en raison de son état de santé, mais son épouse ou l’une de ses filles craignait sa colère, alors elle l’informa du décès du Cheikh. Malgré sa douleur il se précipita sur sa monture et chevaucha en direction de Timbi‘Ali, il arriva au moment où les gens avaient placé son corps dans la tombe. Il les interpella en ces termes : « Laissez-le un instant », mais l’une des personnes présentes commença tout de même à l’ensevelir avec de la terre. Sidi Baba dit alors à l’encontre de cette personne : « Qu’Allah le chasse. » Or c’est ce qui se déroula, car à partir de ce jour il n’y eut plus jamais de nouvelles de lui.

Sidi Baba (qu’Allah l’agrée) mourut en l’an 1276 H (1859/1860 ap. JC).

L’un des dons qu’Allah lui octroya fut une descendance par laquelle ont jailli lumières et sciences. Parmi eux, on retrouve le célèbre auteur du « Mouniyat el Mourid », Sidi Tidjani ibn Baba (qu’Allah l’agrée). Il y a également le grand Connaissant, le savant majestueux Cheikh Mohamed Fall (qu’Allah l’agrée) qui a établi une école d’éducation pour l’amour et le cheminement. De ce lieu d’éducation sortirent des personnalités éminentes et jusqu’à aujourd’hui encore, ses descendants perpétuent son œuvre.

5 – Sidi Abdelkarim ibn Ahmed el Fouti (qu’Allah l’agrée) :

Il fut un savant et un Wali qui tira la bénédiction dans la compagnie de Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) auprès de qui il s’éduqua et par qui il reçut le titre de Mouqadem. Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) le visita par la suite dans sa contrée au Fouta Djallon, car Sidi Abdelkarim fut le premier à répandre la Tariqa Tidjaniya dans ces lieux. Il fut aussi le premier maître de Cheikh ‘Omar Foutiyou (qu’Allah l’agrée) qui resta presque deux années en sa compagnie et ils s’aimèrent mutuellement comme un père et son fils. Ils partirent ensemble pour accomplir leur pèlerinage puis après un petit contretemps où ils furent séparés, ils ne purent se revoir, car Sidi Abdelkarim (qu’Allah l’agrée) mourut sur les terres de Macina au Mali. Avant de mourir il confia un message pour Cheikh ‘Omar (qu’Allah l’agrée) : « Dis à Cheikh ‘Omar ibn Sa’id que je le salue et dis lui qu’il n’y a pas un jour qui a passé depuis qu’on a été séparé sans que mon amour pour lui n’augmente dans mon cœur. » Cheikh ‘Omar (qu’Allah l’agrée) aussi de son côté ne tarissait pas d’éloges à son égard lorsqu’il l’évoquait, il disait notamment : « Je n’ai connu personne ayant plus de rigueur que lui dans les ablutions à l’eau, il veillait la nuit et ne dormait que très peu. »

6 – Sidi Bane Oume would Hamma Khtar el Hadji el Ouadani (qu’Allah l’agrée):

Comme vu précédemment, il était au début affilié à la Tariqa Qadriya Kountiya qu’il abandonna pour s’affilier dans les mains de Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) à la Tariqa Tidjaniya. Suite à cela justement, il vit le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) en rêve avec Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) ainsi que Cheikh Mokhtar El Kounty (qu’Allah l’agrée) assis à ses cotés. Il raconte : « Cheikh Mokhtar me faisait des reproches pour avoir laissé son Ouird afin de prendre celui de Seïdina Ahmed Tidjani. À ce moment-là, je regardais Seïdina Ahmed Tidjani ; peut-être prendrait-il l’initiative de lui répondre ? Cependant, il avait la tête et le regard baissé devant le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui), ayant un adeb et un comportement exemplaire, sans faire un geste. Lorsque les reproches de Cheikh Mokhtar devinrent incessants, le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) lui-même se tourna vers lui en lui disant : “Voici ceux qu’Allah a guidés, suis leur guidance”. Après ça il se tut ».

Sidi Bane Oum fut l’un des plus célèbres Mouqadem par qui la Tariqa Tidjaniya se répandit énormément. Parmi les nobles personnalités qui ont éclot sous son éducation il y a les deux frères Sidi Mohamed Seghir et Sidi ‘Oubeïda ibn Anbouja (qu’Allah les agrée tous deux). Sidi Mohamed Seghir ibn Anbouja (qu’Allah l’agrée) fut un savant maitrisant à un plus haut point de nombreuses disciplines dans la science, il fut aussi un Connaissant connu, il est l’auteur du célèbre « Kiteb Jaïch el Kebir ». Il décéda en l’an 1274 H (1857/1858 ap. JC).

Son frère Sidi ‘Oubeïda ibn Anbouja (qu’Allah l’agrée) fut tout aussi réputé pour son savoir et sa sainteté, il est l’auteur de l’incontournable « Mizeb Rahma Rabbaniya ». Sidi Mohamed s’émerveilla devant le degré de son frère, il disait : « Louange à Allah qui ne m’a pas fait mourir avant de voir un Saint Connaissant de la famille de Anbouja. » c’est-à-dire son frère Sidi ‘Oubeïda (qu’Allah l’agrée). Ce dernier mourut au mois de Joumada Al Akhir en l’an 1284 H (1867 ap. JC).

Ils reçurent le témoignage d’admiration de grands savants tel que le compagnon de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret), celui qui fut honoré par l’appellation de « la langue de la Tariqa », le Fqih Kensoussi (qu’Allah l’agrée).

7 – Sidi Mohamed ‘Ali would Mohand el Ya’qoubi (qu’Allah l’agrée) :

Il fut confié par ses parents à l’âge de dix-huit ans à Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) afin d’être à son service, cela advint dans ses dernières années. Sidi Mohamed ‘Ali (qu’Allah l’agrée) voyagea en sa compagnie lors de sa visite à Cheikh ‘Omar Foutiyou (qu’Allah l’agrée). Après le décès de Sidi Maouloud, notre personnage tint compagnie à Sidi Mokhtar would Babane.

Parmi les personnalités qui profitèrent de la bénédiction de Sidi Mohamed ‘Ali et sur qui il eut une influence capitale, il y a le célèbre Hajj Malick Sy (qu’Allah l’agrée). Celui-ci avait déjà pris la Tariqa plus jeune auprès de son oncle Alfa Mayoro mais c’est avec Sidi Mohamed ‘Ali qu’il s’enracina dans la connaissance profonde de la voie. Hajj Malick Sy (qu’Allah l’agrée) eût aussi un amour intense et particulier envers Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) et il partit visiter sa tombe à Timbi ‘Ali avec deux de ses disciples. Il construisit de ses mains une coupole au dessus de sa tombe à l’époque de son petit-fils Sidi Ahmed ibn Cheikh ibn Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée).

D’ailleurs lorsqu’il vint du Sénégal, chevauchant un bœuf et après avoir éprouvé tant de difficultés liées au voyage, il refusa d’entrer dans le village malgré l’insistance du khalife de Sidi Maouloud Fall, son petit-fils Sidi Ahmed Fall. En effet, il brûlait d’envie d’aller se recueillir sur la tombe de Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) et de rester en sa compagnie. Aussi, on lui fit installer une tente, on y déposa des vivres et il resta pendant presque un mois dans l’adoration d’Allah.

8 – Sidi Abadiya would Sidi would Ghadhiyne el ‘Alawi (qu’Allah l’agrée) :

Il faisait partie des grands disciples de Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée), dont on a témoigné de la sainteté. Il était un Majdhoub détenteur de la Connaissance. Il accomplissait chaque jour soixante mille Salat Fatihi et il éprouvait un grand amour envers son Cheikh. Lorsque Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) se rendit au pèlerinage, notre personnage déborda du désir ardent de son retour et quant il apprit qu’il était de retour, il se mit à courir de joie dans l’espoir de le revoir plus vite.

9 – Sidi Mokhtar would Mohammed Abdallah connu sous l’appellation de « Baïtoura » (qu’Allah l’agrée) :

Auparavant il était affilié à la Tariqa Chadhiliya qu’il quitta pour prendre la Tariqa Tidjaniya des mains de Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) et pour être éduqué par lui. Il éprouvait un amour intense envers son Cheikh et il dépensait généreusement pour Allah. Une fois, Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) passa dans son village et Sidi Baïtoura (qu’Allah l’agrée) lui offrit son unique vache, mais Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) refusa de la prendre et son disciple jura par Allah qu’elle ne lui était d’aucune utilité. Or, par le décret d’Allah, quelques jours plus tard l’un des frères de Sidi Baïtoura qui était aisée, lui offrit en une seule fois quarante et une vaches. Sidi Baïtoura (qu’Allah l’agrée) se leva et les offrit toutes à Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) en disant : « Celui qui veut faire fructifier ses biens qu’ils les offrent donc à Cheikh Sidi Maouloud Fall »

Ce noble personnage est né en 1214 H (1799/1800 ap. JC) et mourut en 1314 H, il vécut cent ans.

10. Sidi Hadamaïne would Mohamadane Takrour (qu’Allah l’agrée) :

Il était le neveu de Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) par sa sœur, c’était un savant doté de scrupule. Sa mère Saïdat Sadiqa vint un jour à Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) en emmenant son fils avec elle et lui dit : « Je viens te remettre Hadamaïne afin qu’il devienne ton disciple, il a déjà acquis les différentes disciplines des sciences apparentes aussi, je te le confie pour l’assainissement intérieur. » Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) l’éduqua en prenant un grand soin de lui jusqu’à ce que Sidi Hadamaïne atteigne l’Ouverture et les particularités suprêmes. Il a été dit qu’il aurait accompagné Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) dans l’un de ses voyages pour Fès, il s’agit peut-être du second. Son frère, le savant et Connaissant Sidi Mokhtar would Mohamadane Takrour s’affilia lui aussi entre les mains de Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) et il a également atteint la grande Ouverture, il a accompli son pèlerinage en 1263 H (1846/1847 ap. JC) et mourut à La Mecque la même année.

11 – Sidi Mohamed Wade Douleyb As-Soudani (qu’Allah l’agrée) :

C’est lors de son voyage en vue d’accomplir son pèlerinage que Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) reçut l’ordre prophétique de chercher ce noble personnage et de lui autoriser pour la Tariqa.

En effet, le bien aimé Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) lui apparut en compagnie de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et lui ordonna de transmettre l’autorisation pour la Tariqa à Sidi Wade Douleyb (qu’Allah l’agrée), il lui dit : « Un pilier de lumière va t’accompagner et lorsque tu le verras disparaitre ce sera l’endroit où tu trouveras Sidi Wade Douleyb, interroges alors à son sujet. » C’est en arrivant dans une ville appelée Kharasi que le pilier de lumière disparut, Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) sut par conséquent que la personne qu’il recherchait se trouvait dans cette ville.

Lorsqu’il interrogea à son sujet on lui révéla qu’il s’agissait de l’imam de cette ville et que c’était un savant d’un âge avancé. En le rencontrant et en lui révélant l’affaire, Sidi Wade Douleyb ne douta pas de la possibilité d’une telle chose, mais réclama tout de même une preuve de ce qu’il avançait. Alors Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) entra en retraite spirituelle dans une demeure qui lui avait été aménagée et c’est dans cet endroit qu’il a réuni le noble Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) et Sidi Wade Douleyb (qu’Allah l’agrée).

C’est donc en sa noble présence qu’il se conforma à l’ordre prophétique de lui transmettre l’autorisation de la Tariqa. Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) resta un mois à éduquer son nouveau disciple puis reprit son chemin en direction des Lieux Saints où il arriva en paix et en sécurité.

12 – Sidi Moudibou Ahmed Raji (qu’Allah l’agrée) :

Il fut l’un de ses grands disciples vivant au Nigéria qui reçut une autorisation dans la Tariqa et un titre de Taqdim.

13 – Sidi Ahmed Lahboune (qu’Allah l’agrée) :

Il fut un savant majestueux du Tchad qui prit la Tariqa Tidjaniya des mains de Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée), et par qui elle se propagea dans son pays ainsi que d’autres.

VIII. Ses prodiges

La croyance aux prodiges, accordés aux Saints musulmans, est un point qui fait l’unanimité au sein des Gens de la Sunna parmi les juristes, les maîtres en Hadith et en Ousoul. La position inverse est considérée de même comme une innovation détestable qui contredit le Qoran, la Sunna, la voie des anciens et la raison.

Nous allons évoquer quelques-uns des prodiges connus et reconnus de Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée), parmi ceux qui ont pu être observés par de nombreux témoins. Il est clair que Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée), avec sa légendaire humilité et son intense scrupule, dissimulait autant que possible ses prodiges, mais malgré toute son attention à cette tâche, Allah fit apparaitre certains d’entre eux à ses disciples et aux gens qui l’ont côtoyé.

– D’abord il est certain que son plus grand prodige fut sa conformité à la Sunna prophétique par les paroles et les actes.

– De même, et par voie de conséquence, le fait qu’il rencontra à maintes reprises l’esprit du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) à l’état de veille.

– Parmi ses prodiges son accession au rang des grandes élites dans la Tariqa Tidjaniya, ceux des serviteurs qui reçoivent leur soutien de l’esprit de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret).

– Parmi ses prodiges, le fait que Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) informa certains compagnons de sa venue prochaine et lui fit don d’affaires personnelles. Selon l’une des versions, il a dit : « Lorsque vous viendra quelqu’un au teint mat et qui est comme cela et comme cela, remettez-lui de ma part ma Soubha, mon tapis, mon pot à ablutions et ma canne. » À Fès il fut reconnu, car plusieurs d’entre les compagnons virent Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui faire face pendant l’assemblée de la wadhifa.

– Parmi ses prodiges le fait qu’il pouvait entendre la voix de sa mère à une distance très éloignée. Il a tenté plusieurs fois de partir pour le Hadj et la visite à Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret), mais sa mère, Saïdat Nadjma ne pouvait supporter d’être séparé de lui. Et malgré qu’elle consentit plusieurs fois à le laisser partir, après son départ elle se mettait à l’appeler par chagrin. Alors qu’il était en route et malgré une longue distance, il pouvait l’entendre. Aussi par compassion envers elle et par piété filiale, il rebroussait chemin.

– Parmi ses prodiges qui fut rapporté par une foule de gens de confiance et de science, il y a qu’un jour il dirigea la prière à Timbi‘Ali et alors qu’il se trouvait debout au cours d’une rak’at, il se mit à jeter son manteau derrière lui, et les gens qui priaient derrière lui furent éclaboussés par de l’eau. Après avoir clôturé la prière, ils l’interrogèrent sur l’origine de cette eau qui les avait éclaboussées, ce à quoi il répondit : « L’une de mes disciples des Aoulad ‘Ayda implora Allah par mon intercession alors qu’elle était en train de se noyer sur l’un des cours du fleuve Sénégal, aussi je lui ai jeté mon manteau afin de la sauver de la noyade. » Les gens furent étonnés de ce fait, car la région indiquée se trouvait à plus de cent soixante kilomètres. Après quelques jours la dame en question qui fut sauvée par Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) arriva à Timbi’Ali et raconta son histoire à tout le monde. Le récit, le lieu et la date concordaient avec l’évènement, puis elle offrit un cadeau à Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée).

– Parmi les prodiges il y a l’évènement survenu entre d’une part les tribus des Aoulad ‘Ayda et celle des Mouradine et d’autre part l’émir de Trarza, Mohamed el Habib. La coalition mentionnée avait montré plusieurs signes de désobéissance envers l’Emirat, et l’émir Mohamed el Habib leur envoya donc une armée vigoureuse. Les tribus des Aoulad ‘Ayda et celle des Mouradine affrontèrent l’armée en question, ils étaient réputés pour être forts et tenaces. Seulement l’émir Mohamed el Habib fit perdurer cet affrontement et les tribus durent se réfugier dans la forêt d’Acacia qui donnait sur le fleuve Sénégal.

L’émir utilisa contre eux une mitrailleuse qu’il avait obtenue de l’armée française, et chaque jour il mitraillait à profusion faisant ainsi d’énormes dégâts jusqu’à ce que les tribus n’aient plus de provisions et qu’ils durent nourrir leurs montures avec du bois, de mauvaises herbes et des nattes en paille. Cet évènement coïncida avec l’arrivée de Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) qui était venu les visiter, car ils le connaissaient et ils se plaignirent à lui de leur situation.

Il leur dit : ‘Désignez-moi un guide pour conduire ma chamelle jusqu’à l’émir, je vais abréger cet encerclement. Et certes celui qui viendra avec moi, il vivra plus longtemps que vous tous.’ Ensuite, après des hésitations, un homme appelé would Andahilit se leva et guida la chamelle en traversant le fleuve. Ce guide vivra par la suite plus d’un siècle. La traversée de Sidi Abou Sou’oud (qu’Allah l’agrée) essuya des tirs intenses de balles de l’armée de l’émir contre les ‘Aydyine et les Mouradine, mais les balles s’effondraient tout autour du Cheikh comme s’il y avait une projection d’eau. Ils parvinrent auprès de l’émir Mohamed el Habib qui le reconnut, l’accueilli et l’honora en raison des liens anciens existants entre sa tribu, Al Fagh Moussa et l’émirat, car le Qadi principal était toujours désigné dans leurs rangs.

Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) intercéda en faveur des tribus des Aoulad ‘Ayda et celle des Mouradine, réclamant la clémence de l’émir et lui garantissant qu’il n’aurait jamais plus à craindre la moindre désobéissance de leur part, mais qu’il devrait lui aussi ne pas être injuste envers eux. Tout se déroula ainsi et le pacte entre eux ne fut plus jamais rompu. Depuis ce jour ces tribus devinrent les disciples à Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée).

– Parmi ses prodiges le fait que l’on entendit clairement le Dhikr sortir de sa tombe lors de son enterrement.

– Parmi ses prodiges le fait qu’il a hérité d’une caractéristique de ‘Omar ibn el Khattab (qu’Allah l’agrée), en effet les démons fuyaient devant lui et cela se déroula de nombreuses fois. Il a été rapporté que le Saint Sidi Bady would Saydayne (qu’Allah l’agrée), au cours de sa maladie qui allait engendrer sa mort, demanda si Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) venait d’arriver dans le village. On lui répondit par la négative, il dit : ‘Certes il l’a quitté, sachez que lorsque le démon s’enfuit en hurlant c’est qu’il est entré dans le village’ et voilà que peu après Sidi Maouloud (qu’Allah l’agrée) se présenta à lui avec Sidi Baba would Ahmed Bibi, afin de le visiter Sidi Bady.

– Parmi ses prodiges un jour Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) envoya à certains hommes du village de quoi lui acheter des quantités de millet du Sénégal. Après avoir acheté le millet en question, ils le placèrent dans un récipient en peau appelé parfois ‘mazoud’. Cependant, ils se trouvèrent dans l’impossibilité de transporter le ‘mazoud’ jusqu’à leur pirogue et ils furent contraints de l’abandonner sur place, mais lorsqu’ils traversèrent, ils furent stupéfaits de trouver ce fameux récipient devant eux. Puis la caravane voyagea de nuit et ils laissèrent de nouveau le ‘mazoud’ derrière eux. Lorsque l’aube se leva, ils le retrouvèrent encore une fois parmi leurs marchandises et ainsi de suite, d’étape en étape, ils retrouvaient le ‘mazoud’ qui se déplaçait par lui-même. Ils restèrent stupéfaits devant ce prodige, si bien que lorsqu’une monture se fatiguait ils plaçaient son chargement sur le ‘mazoud’ qui le portait pour eux. Cet évènement continua jusqu’à leur arrivée au village et que le ‘mazoud’ parvint aux mains de Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée).

Il y a ainsi de nombreux autres prodiges qui circulent sur la langue des gens, mais ils n’ont pas la garantie nécessaire d’authenticité pour être relatés.

IX – Ses enfants

Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) a eu dix enfants à l’exemple de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) :

Il eut trois garçons qui sont :

– Sidi Mohamed el Amine

– Sidi Mohamed Abdallah (mort enfant comme relaté auparavant)

Tous deux ont eu pour mère la noble dame Amina, sœur de Cheikh Mohamed el Hafidh Chinguitti (qu’Allah l’agrée).

– Quant au troisième Sidi Ahmed Tidjani il eût pour mère Saïdat Maïmouna bint Mouhsin would Sabar, que Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) épousa après le décès de son épouse, Saïdat Amina. Ce fils était en bas âge lorsque son père décéda.

Quant aux filles il en eut sept, chacune d’entre elles eut une postérité, ce sont les dames :

– Myriam

– ‘Aïcha

– Babiya

– Khadidja

– Sakina

– Fatima

– Et Ghaliya

X. Son décès

Durant les dernières années de sa vie, Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) ne voyagea presque plus, son dernier long voyage étant celui qu’il fit pour rencontrer Cheikh ‘Omar Foutiyou (qu’Allah l’agrée). Il demeura dans son village et il se consacra beaucoup à l’écoute des nobles paroles prophétiques (Hadith). Ainsi, tous les jours il tenait une séance dans une tente qu’il coupait en deux avec un rideau afin qu’hommes et femmes puissent participer à la lecture du Moukhtasar de Ibn Abi Jamra.

Il s’adonna toujours avec autant d’ardeur à la prière, à l’accomplissement du Dhikr et le jeûne qu’il ne rompait que très rarement. Il était le khalife du Cheikh dans ces contrées, il veillait à l’exhortation et à l’apprentissage, mais sa grande humilité le faisait fuir toute forme d’exhibition de son rang particulier de Cheikh. Il appliquait avec assiduité le suivi des actes accomplis à la Zaouyia de Fès, tel l’accomplissement de la Wadhifa en groupe qui était similaire.

Pour résumer sa vie, il était un serviteur humble et sincère de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) qu’il a servi durant cinquante années de la meilleure façon, en le représentant de son mieux. Il fut appelé dans le monde spirituel ‘le jeune serviteur de Tidjani’ (Ghoulam Tidjani), et son nom se retrouve dans la chaîne d’affiliation de millions de personnes et d’éminentes personnalités à travers tout le continent africain.

Une fois sa mission accomplie et avoir éduqué une relève de disciple exceptionnelle, Sidi Maouloud Fall (qu’Allah l’agrée) put rejoindre Son Seigneur à l’âge de quatre-vingts ans, un vendredi au mois prophétique de Rabi’ el Awwal en l’an 1267 H (1851 ap. JC) à Timbi’Ali, qu’Allah l’agrée.

Recherche et traduction Zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe

Extraits tirés et traduits en grande partie du livre ‘Tawali’ou sou’oud fi Hayat wa Manaqib Ghoulam Tidjani Abi Sou’oud’ de Cheikh Tidjani ibn Cheikh Al Hadi.