Question-réponse 31

Est-ce que la numérologie, la science des lettres et l’utilisation mystique des Noms Divins font partie des sciences prodiguées dans la Tariqa Tidjaniya, car je connais de nombreux Mouqadem qui s’y consacrent ?

REPONSE

Concernant votre question, en effet, nous constatons nous aussi que trop de disciples nous contactent encore dans le but de recevoir un Nom Suprême caché ou d’autres secrets mystiques qui leur ouvriront l’accès aux biens éphémères de ce monde. Certains Mouqadem trahissent leurs pactes en se laissant entraîner dans ces domaines qui non seulement n’ont aucun lien avec l’enseignement de la voie, mais pire, détournent ceux qui s’y adonnent du véritable cheminement. À travers ce genre de sciences, les postulants recherchent des Noms cachés ou d’autres évocations particulières qui leur permettraient d’accéder à certaines particularités et certains en font même un métier. Quelle perte de temps plus évidente que celle-là !

Certes, le cheminement spirituel que Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) reçut du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) n’a rien à voir avec ces activités. Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) avait eu accès à cette science avant d’obtenir le dépôt de la Tariqa, mais ensuite, il se détourna entièrement de tels agissements, conformément aux recommandations prophétiques à son égard.

Parmi les conseils que le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) fit transmettre à Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret), il y a : « Ne convoite aucune chose, et ne fournit aucun effort dans l’aspiration d’acquérir quelque chose, mais consacre tes efforts dans l’adoration et l’opposition aux désirs de l’âme (Nefs), car l’aspiration et l’effort ne doivent être qu’en vue de l’adoration et de l’opposition aux désirs de l’âme. Toute autre aspiration, convoitée par l’homme au travers de l’adoration, retarde l’Ouverture. Dis-lui que cela retarde l’Ouverture, dis-lui que cela retarde l’Ouverture, dis-lui que cela empêche l’Ouverture et répète-le-lui trois fois. » Puis il dit : « Occupe-toi d’être au service de Ton Maître dans ce qu’Il t’a ordonné en étant entièrement dépouillé de toute convoitise, mais seulement afin d’Exalter Allah, de Le Magnifier, de Le Louer et Le Sanctifier autant qu’Il le mérite, que ce soit cela qui régit ton vouloir et l’ensemble de tes aspirations. »

Le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) lui a dit aussi : « les Hommes qui désirent la Connaissance et l’accès à la Manifestation, s’ils se retrouvent face à Lui, ils n’attendent rien d’autre et ils ne placent rien d’autre avec Lui dans leur cœur qui pourrait de la sorte changer de l’Un pour l’autre, mais c’est par Lui qu’ils accèdent à Lui et ils n’implorent que l’aspiration et le soutien pour Son Amour, et ils L’implorent dans l’absolution et la préservation pour leur sommeil et leur éveil, pour leur manger et leur boire, et ils adorent Allah en toute sincérité. Ils n’attendent de Lui que l’exécution de Sa seule Décision et ils n’implorent que Sa sauvegarde de par le sens des termes utilisés par lesquels ils glorifient leur Maître. Ils ne convoitent par Son adoration rien d’autre que d’honorer Son Noble Visage et ils persistent dans cette attitude jusqu’à ce qu’une lumière se répande sur eux depuis leur cœur et qu’ils ne contemplent absolument plus rien qu’à travers elle, au point que s’ils se remémorent un aspect exotérique de la Loi tel qu’ils le concevaient avant l’obtention de cette lumière, ils constatent que c’est comme comparer une vision en pleine nuit par rapport à celle en plein jour. »

Certes, la science des lettres est une science vénérable mais elle s’acquiert par un don particulier et personnel, elle a ni à être recherchée, ni à être enseignée aux communs des gens.

Le célèbre Connaissant Mouhiydine ibn ‘Arabi (qu’Allah l’agrée) a dit : « La science des « lettres » est une science noble parmi les sciences qui s’acquièrent par don. Il est blâmable d’en faire l’objet de préoccupation dans les domaines spirituels ou temporels. En somme, ces sciences qui s’acquièrent par don, sont toutes louables quelque soit leur objet. Mais il est blâmable de les rechercher. Seul l’ignorant cherche à les acquérir et seul l’ignorant les conteste. Admets-les : tu seras sauvé. »

Par conséquent, la préoccupation qu’engendre ce genre d’activité est une source certaine de déviation par rapport à l’enseignement de cette noble voie prophétique et une cause incontestable nous coupant d’Allah. À tel point, qu’à cause de l’emprise dans cette discipline, ce qui a toujours été considéré comme primordial par Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et ses compagnons est devenu dérisoire et banal. Ainsi, on constate que la pratique convenable des oraisons essentielles de la Tariqa, l’intérêt porté à la prière sur le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) par la Salat Fatihi, le respect des conditions et l’assiduité à préserver ses prières en groupe, tout cela est négligé au profit de la convoitise dans l’acquisition de formules d’évocations non essentielles, soi-disant rares et mystérieuses qui non seulement n’apportent que très peu sinon rien mais en plus fait perdre beaucoup.

Le célèbre érudit et Connaissant Hajj Malick Sy, évoquant les propos de Cheikh Zarrouq sur le comble des malheurs qui affectent les dévots et les jurisconsultes, il a cité entre autres : « …Parmi les choses que l’on déplore le plus, relativement à cette question, figure l’attachement exagéré aux sciences traitant des secrets spirituels véhiculés par des lettres et des Noms de Dieu, entre autres. Ce sont des sciences que l’on acquiert par un don et par une Ouverture mystique, que seuls les spécialistes ont abordé pour aider ceux qui jouissent d’une certaine Ouverture (Fath) et édifier ceux qui pratiquent la Haqiqa. Mais nous n’avons jamais vu ni entendu dire que leur simple utilisation permet d’en faire bénéficier aux autres. » (Kifaya ar-raghibin – trad. Hajj Ravane Mbaye)

Voici d’ailleurs, sur ce sujet, ce qu’en ont dit d’autres grands savants et références de cette Tariqa Tidjaniya :

Sidi ‘Arbi ibn Sa-ih (qu’Allah l’agrée) a dit dans le Boughiyat : « La source de l’éducation et de la purification intérieure dans notre voie-ci Mohamediya vient de l’accomplissement du Ouird de base connu sans lequel n’est pas valide l’entrée dans la voie qu’il soit parmi les élites ou le commun avec ce qui s’y rattache comme oraisons essentielles et qui sont la Wadhifa et le dhikr du Heïlala le vendredi après le ‘Asar. En préservant tout cela selon leurs conditions et avec l’Adeb requis ce qui est le summum du bien et l’aboutissement de la perfection. La plus grande et la plus immense de ses conditions, c’est la préservation des cinq prières dans le cadre des convenances tracées par la Loi à son sujet autant que possible, en se perfectionnant dans ses conditions, son Adeb et en tout ce qui a trait à ses piliers. Ensuite, c’est de combler son temps, autant que faire se peut, par la prière sur le Prophète (spécialement avec Salat Fatihi) […]. C’est cela la voie de Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) qu’il a parcourue et qui lui a été ordonné de faire parcourir par le maître de l’existence (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui), source de l’irrigation et de la bienveillance. »

Il a dit aussi : « Tous ceux qui font partie de cette Tariqa et qui dirigent les autres membres de cette Tariqa vers autre que Salat Fatihi, c’est qu’ils veulent égarer ou qu’eux-mêmes ont été dupés. »

Sidi Ahmed Soukeïrij (qu’Allah l’agrée) a dit dans Jouniyat Montaseb : « La Tariqa Mohamediya que reçu Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) directement du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) à l’état de veille et non en songe, c’est ce que transmette les Mouqadem détenteur de l’autorisation, à ceux qui la leur demande, avec ses piliers établis et ses conditions connues et il n’y a rien à rajouter à ses oraisons essentielles après l’accomplissement des obligations dont nous sommes responsables, et tout autre rajout ne fait pas partie de la Tariqa. Tout ce qui se rajoute à cela est un surplus dont ceux qui sont avides d’actes de biens saisissent l’occasion d’acquérir.

Or, il y a des surplus qui précipitent leurs auteurs dans la perte soit en ce monde, soit en l’autre selon le degré d’implication de celui qui se plonge dans cette faute. Et cela nous l’avons affirmé et répété à plusieurs occasions afin que tout le monde puisse identifier que celui qui resplendit dans ce domaine n’a rien à voir en rien avec la Tariqa. En effet, les gens ont propagé beaucoup de rumeurs au sujet de cette Tariqa et cela par le concours de Mouqadem ignorants et de disciples sans sincérité jusqu’au point où ce fut à cause de ces rumeurs que certains venaient s’affilier à la Tariqa Tidjaniya [….].

Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) mettait en garde de plonger dans de telles choses et il défendit à ses compagnons, ceux qui étaient auprès de lui, qui s’affilièrent à lui, qui ont appris de lui, et qui furent autorisés dans les Oraisons essentielles comme méritoires, et bien il leur défendit de s’étendre abondamment dans ce genre de choses qui détournent du but ultime dans la proximité de la Présence Divine et dans le témoignage de l’affection pour la Présence Mohamedienne par l’excès de la prière sur lui, et dans l’application de ses recommandations et l’éloignement de ce qu’il a interdit.

Il mit excessivement en garde de ne pas s’occuper de ce qui ne nous concerne pas, de ce qui nous détourne d’Allah et qui nous procure des difficultés dont on craint une issue malheureuse. Cela survint à l’éminent intermédiaire Sidi Mohamed ibn ‘Arabi Damraoui (qu’Allah l’agrée) qui gérait une modalité de secret attribué à l’imam Abou Hamid El Ghazzali (qu’Allah l’agrée). Il en faisait usage au milieu de frères, parmi ses proches, avec une petite monnaie qu’il faisait fructifier et eux le regardaient. Ils en reçurent alors plusieurs dinars en or qu’ils dépensèrent joyeusement pendant plusieurs jours. Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui ordonna dorénavant d’abandonner de telles choses en lui disant : « Si jamais tu retournes à de tels agissements il n’y aura plus rien entre toi et moi ».

Et depuis, l’éminent intermédiaire s’en détourna définitivement et les frères cessèrent de le réclamer. Cela parce que la Tariqa Tidjaniya se base sur l’effort et la persévérance dans les œuvres pieuses et non pas sur la manifestation de ce genre de phénomènes devant le commun des gens et il ne convient point à l’élite d’être préoccupée par de telles choses. Il en est de même dans l’écriture des talismans, et la transmission de formules d’évocations pour l’obtention de dons particuliers et de biens personnels […] ».

Puis il retranscrit les propos de l’illustre maître Sidi ‘Arbi ibn Sa-ih (qu’Allah l’agrée) : « Voici sur ce sujet l’extrait d’une lettre du connaissant Sidi ‘Arbi ibn Sa-ih envoyée au Mouqadem de la Zaouiya de Meknès Sidi Mohamed fils du Mouqadem Sidi Mohamed ibn Qacem Basri Meknessi (qu’Allah les agrée), lorsqu’il accéda à la fonction de son père dans la transmission du noble Ouird, il lui a dit :

« Tu te dois, et qu’Allah te soutienne en te cantonnant exclusivement à ton cheminement et à ton engagement, de suivre la voie que suivait ton père, qu’Allah l’agrée. Et cela ne peut être qu’en préservant les oraisons essentielles du Lazim, de la Wadhifa et du Dhikr du Joumou’a avec les conditions connues et la bienséance requise ainsi qu’en multipliant la prière sur le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) de nuit comme de jour par gratitude et amour. C’est tout cela, avec la préservation des prières obligatoires selon ce qui en est recommandé, qui représente la Loi et la Voie.

Si certains parmi les frères désirent accomplir des formules d’évocations méritoires, s’il s’agit de supplications telles que Sayfiyyou ou ce qui se rapporte à cela, alors que ce genre d’accomplissement soit dans le simple but d’agir dans la conformité tout en étant dépouillé de convoitise vis-à-vis de toutes formes de biens. S’il s’agit d’autre chose que les supplications alors que son accomplissement soit dans un but de servitude envers Allah qu’Il soit Exalté, en s’orientant sincèrement, ne recherchant que Lui, qu’Il soit glorifié, faisant abstraction de vouloir en retirer une bonne fortune. N’en fait point partie (de cette recherche de bonne fortune) le fait de tenir compte des récompenses promises, s’il s’agit d’une confiance placée en la promesse véridique, car cela revient à croire en l’invisible et non pas à convoiter des biens. Comme n’en fait point partie aussi la recherche d’une protection par ses évocations connues, car il s’agit de craindre Allah, qu’Il soit Exalté, de par ses soldats en ce qu’il se trouve et cela fait partie des orientations vers Allah.

Quant à ce dont s’adonnent les gens dans un dessein particulier, s’accrochant à des supplications et des évocations étrangères cela ne constitue en rien la Tariqa, il s’agit plutôt de résidus provenant d’autres voies qui éloignent profondément vers l’errance ceux qui les accomplissent, on demande à Allah qu’Il nous épargne et nous préserve par Sa Bonté. » »

Sidi Ahmed Soukeïrij (qu’Allah l’agrée) a dit à la suite de cet extrait : « Sache alors que ce que font certains Mouqadem dans ces domaines en en faisant leur métier, en attendant dans les Zaouiya ou des lieux spécifiques afin que le commun des gens vienne leurs adresser leurs besoins, leur procurant alors des formules d’évocations, des Noms ou des versets, leur inscrivant des talismans, des amulettes et ce genre de choses qui ne proviennent point de la Tariqa, et qui par cela porte atteinte à la dignité de la Tariqa, qui, elle, est propre et loin de ces futilités, ceux-là sont des égarés dont il convient de s’éloigner. C’est un signe montrant qu’il ne convient point de les suivre en raison de leur extrême éloignement de la station des véritables Mouqadem, ceux qui préservent sur quoi se trouvaient Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et ceux de ses compagnons qui ont eu l’Ouverture, ceux qui ont cheminé sur un sentier dont ne s’en détourne que le perdu, nous nous en remettons à Allah et quel bon Protecteur. »

Sidi Hajj Malick Sy a affirmé dans « Kifaya ar-raghibin » : « Il faut assimiler à ce qui précède, ce que certains, parmi ceux qui se réclament de la science des secrets spirituels, qui ne sont que néfastes pour eux, ont inventé et qui consiste à vendre les Noms de Dieu en échange d’argent, alors qu’à l’origine, on les confiait à ceux qui étaient totalement désintéressés. Passant outre, l’initiateur était sévèrement menacé par les Tenants des secrets. Consulte Djawahirou-l-Ma’ani en examinant les choses avec toute la circonspection dont sont capables tes yeux et ton esprit […] » (cf. La voie Tidjaniya “Rubrique Enseignement de la voie” : Thèmes des secrets – mise en garde)

Il a dit aussi : « L’évocation du Nom de Dieu pour un autre dessein que celui de mériter Son Agrément était naguère assimilée au polythéisme. Que penser alors de la vente des Noms de Dieu que l’acquéreur utilise pour satisfaire des désirs personnels. Le vendeur oriente le commun des hommes dans la mauvaise voie. Dieu seul détient le gouvernement des choses. Le vendeur lui dira : « En évoquant le Nom, tu obtiendras tel prestige, telle fortune ou telle influence ». Dis-lui : « Si l’on peut en tirer les avantages dont tu parles, pourquoi le vendrais-tu, toi qui l’as déjà expérimenté. Tu dois t’en repentir, car Dieu aime ceux qui se repentissent, si toutefois tu désires que Dieu t’ouvre les portes du bonheur et t’aplanisse toutes les difficultés ? »… » (cf. page 2)

Il a dit encore : « Celui qui veut obtenir l’Ouverture Spirituelle (Fath) la plus parfaite ainsi que le véritable secret spirituel, doit se conformer aux commandements de Son Seigneur (qu’Il soit Glorifié et Exalté) et se garder d’enfreindre Ses interdictions. Dieu est le plus savant ! Sache ainsi que ce que les docteurs de la loi appellent « polythéisme d’intérêt » (Chirk el Aghrad) consiste à vouloir accomplir des œuvres pieuses à des fins autres que l’amour de Dieu, ou à une quelconque fin […] » (cf. page 2)

Il a dit enfin : « On assimile au « Chirk el Aghrad » des choses telles que les amulettes et les talismans que l’on porte sans attribuer leurs heureux effets à Dieu (Qu’Il soit exalté). Il est rapporté dans Al Jami’ As-saghir (de l’Imam Souyouti) ceci : « Celui qui porte quelque chose (une amulette) sera laissé à la merci de celle-ci. » »

Et le commentateur, en l’occurrence Al ‘Azizi, dit dans la Nihaya : « C’est-à-dire que celui qui porte sur lui des amulettes, des talismans et consorts avec la conviction qu’ils lui procureront un avantage ou leur écarteront un péril, Dieu fera dépendre sa guérison de ces amulettes qui ne peuvent nullement le servir ». Al Hifni a dit : « l’expression : « porte quelque chose » signifie : le porter avec la conviction, par exemple, que sa guérison ou sa protection sera assurée par cette prière ou cette amulette, ou qu’untel le protégera, ce qui l’amène à se détourner de Dieu. Cependant, s’il a la conviction que la guérison en réalité vient de Lui et que ces amulettes ne sont que des moyens, il n’y a rien de grave à cela. Car avoir la totale confiance en Dieu n’exclut pas le recours à des moyens […] » (cf. page 2)

Il a été rapporté par Sidi ‘Arbi ibn Sa-ih (qu’Allah l’agrée) qu’un personnage, nommé Abdsalem ‘Alami El Jabali (qu’Allah l’agrée), apprenait la science dans une école et il recherchait aussi les Adhkar particuliers et secrets ésotériques sur la science des lettres, faisant usage de la science de l’alchimie mais comme il ne parvenait à rien il douta sur la capacité de certaines gens, aussi il fut orienté vers Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Par conséquent, il se dirigea vers lui avec l’intention de lui réclamer la façon d’utiliser le pouvoir de la Sourate « Alam nachrah laka… ».

Or Seïdina su (qu’Allah sanctifie son précieux secret) sa requête par dévoilement et avant qu’il ne soit l’occasion de le lui demander, il lui fit l’allusion suivante : « Une certaine personne lisait la Sourate « Alam Nachrah laka […] » et soudainement deux serviteurs spirituels apparurent devant lui et lui dirent : « Nous sommes les serviteurs de cette Sourate, l’un est au service de Maoulana Mohamed Ben Nasr et l’autre est au service de Maoulana Mohamed Charqi, et tu ne peux parvenir à nous à travers eux deux car ils s’interposeront entre nous et toi. » »

Ensuite, Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) se tourna vers notre personnage et lui déclara : « Ô vous nos maîtres les étudiants, vous détenez en vous le Livre d’Allah et vous apprenez la religion et pourtant vous vous accrochez à ce qui contient le mécontentement d’Allah. Si vous vous tourniez vers la prière sur le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui), elle vous aurait suffi face à toute chose. »

Il implora alors le pardon et se repentit entre ses mains puis il réclama la Tariqa à Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret), qui la lui donna. Ainsi, Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) le prit en main et l’orienta vers ce qui lui serait plus profitable, le conseillant et le mettant en garde contre l’adoration en vue de biens intéressés ou la recherche des Adhkar particuliers afin de maîtriser les prodiges et les faits extraordinaires et il récolta de lui bien plus que tous les secrets puisqu’il reçut l’autorisation dans la Tariqa.

Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit à Sidi Mohamed ibn ‘Arabi Damraoui : « Notre Tariqa est certes celle de l’élite mais elle n’est pas fondée sur l’utilisation des formules secrètes. »

En effet, l’éducation et l’évolution au sein de cette noble voie ne dépendent point de la connaissance et de l’engagement dans des Adhkar rares et mystérieux, tout est concentré dans l’amour du Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et la véracité dans notre respect du pacte et de ses conditions, en suivant fidèlement l’enseignement de l’honorable gardien de ce dépôt prophétique qu’est la Tariqa Ahmediya Mohamediya Ibrahimiya Al Hanifiya.

Le compagnon célèbre de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et Connaissant parfait, celui qui était surnommé « la langue de la Tariqa », Sidi Hajj Kensoussi (qu’Allah l’agrée), a dit : « Sache, ô mon frère, qu’Allah nous le permette à toi et à moi, que l’amour et la véracité envers ce Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) sont la garantie des bienfaits en ce monde et en l’au-delà. C’est le trésor qui ne s’épuise pas, c’est l’élixir de richesse qui enrichit son détenteur d’un seul coup, c’est la forteresse invincible en laquelle celui qui y pénètre n’a rien à craindre des maux de ce monde et de l’au-delà. Louange Allah pour cela et adore ton Seigneur sincèrement pour Son Noble Visage et non dans un but intéressé, certes c’est cela l’élixir de richesse, c’est cela l’élixir de richesse, c’est cela l’élixir de richesse.

Cheikh Abou-l-Hassan Chadhili (qu’Allah l’agrée) a dit : « Un jour, une personne m’a tenu compagnie pour l’éducation et s’est consacrée à mon service ; or je ressentais une réticence envers lui sans connaître la cause d’un tel sentiment. Un jour je me suis alors isolé avec lui et je lui ai demandé : « Ô mon enfant, que désires-tu donc à travers ma compagnie et mon service ? ». Il me répondit : « J’ai entendu les gens dire que tu connaissais la fabrication de l’élixir de richesse et je voudrais que tu me l’enseignes. » Je lui dis : « Certes mon enfant, les gens ont raison mais seulement je ne pense pas que tu sois capable de faire l’élixir que je connais. » Il me dit : « Si, j’en suis capable. »

Je lui dis : « Alors écoute-moi bien mon enfant. J’ai observé les créatures vis-à-vis de moi et j’ai remarqué qu’elle se départage en deux catégories : Une partie qui m’aime et une partie qui me déteste. J’ai alors observé ceux qui m’aimaient et j’ai constaté qu’ils ne pourraient même pas m’apporter l’utilité d’un atome de ce dont Allah ne veut pas me donner l’utilité, je les ai alors délaissés sans jamais tirer un espoir d’eux. Ensuite j’ai observé ceux qui me détestent et j’ai constaté que s’ils voulaient me nuire avec ne serait-ce qu’un atome en lequel Allah ne veut pas me nuire, ils en seraient alors incapable, alors je les ai délaissés et je fus ainsi tranquillisé face à ces deux catégories m’orientant totalement vers Allah.

Suite à cela je me suis entendu interpeller en ces termes : « Tu ne pourras atteindre ton objectif que si tu délaisses tout espoir vis-à-vis de Nous comme tu l’as fait pour les deux groupes. » Je me suis dis en moi-même : « Mais comment abandonner mon espoir en Allah ? » J’ai alors entendu : « C’est que tu cesses d’espérer de Nous que L’on te donne ce que Nous n’avons pas décrété pour toi. » C’est cela l’élixir que je connais mon enfant. » »

Qu’Allah nous permette, ainsi qu’à chaque disciple et Mouqadem dans cette voie, d’être dignes de puiser dans l’océan de Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et cela en nous conformant à son éducation et en pratiquant son enseignement, noble dépôt confié par la meilleure des créatures, notre bien aimé Prophète Mohammed (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui).

Recherche et traduction par la Zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe