Dettes, expiation et compensation

Salam a’leykoum wa Rahmatoullah wa barakatouhou,

Après la mention du Nom d’ALLAH, sa louange et les prières sur le noble Prophète (sas).

Je demande à nouveau votre aide concernant ma situation particulière :

Pour préciser, je ne suis rentrée véritablement dans l’islam qu’à l’âge de 30 ans bien que faisant partie d’une famille musulmane pratiquante. Aujourd’hui, en raison d’une maladie incurable je ne peux plus jeûner. Cependant, j’ai souhaité réparer mes dettes comme j’ai pu le faire avec mes prières suite à ce que m’a enseigné notre bien-aimé Cheikh, qu’Allah le préserve.

Voilà donc mes périodes de négligences que je souhaite réparer, inch’ALLAH, avec votre aide :

1 – De l’enfance à ma majorité (18 ou 19 ans), j’ai jeûné avec mes parents le mois de Ramadan. Cependant, je n’ai jamais rattrapé les périodes non jeûné qui correspondaient aux menstrues. Comment puis-je réparer cela ?

2 – Ensuite, une fois sortie du cercle familial, j’ai cessé de jeûner, n’étant que croyante sans la pratique des cinq piliers de l’islam. Toutefois, après deux années il me semble, ALLAH m’a donné cette maladie qui ne me permet plus de jeûner. Je n’ai donc fait aucune expiation, ni donné de compensation, car je ne m’en souciais pas et ignorais le rite cultuel de l’islam. Dois-je donner une réparation pour ces années ? Cela représente 12 années environ.

3 – Après avoir embrassé l’islam lors de mes 30ans et commencé la pratique cultuelle, je n’ai pas jeûné du fait de ma maladie, mais il me semble qu’à ce jour j’ai toujours donné une compensation (l’équivalent d’un repas par jour par mois de ramadan).

Toutefois, j’aurai souhaité savoir si une personne comme moi dont la maladie est incurable, doit donner pour chaque mois de Ramadan sa compensation. Je demande cela, car si ALLAH pourvoit, hamdoulillah, Il nous éprouve parfois par des moyens plus modestes. Quelles sont donc mes solutions si jamais, je ne pouvais pas donner cette compensation ? Une fois, dans une mosquée, on m’a dit que je pouvais verser cela sur plusieurs mois, mais mon frère me l’avait déconseillé à l’époque et prêté de l’argent que je lui avais ensuite remboursé à mon aise. Il me le déconseille toujours d’ailleurs.

Toutes ces questions ne concernent pas la Zakat du fin de ramadan que j’ai donné dès mon entrée dans l’islam.

Je vous pose ainsi toutes ces questions, car je commence à prendre conscience de la valeur du jeûne. Je souhaite donc épurer toutes mes dettes vis-à-vis d’ALLAH et avec sa permission, avec peut-être au passage gagner au moins un jour de jeûne mais sans jeûner vous l’aurez compris…

Merci encore de votre aide précieuse et je demande à Dieu de vous assister. AMIN

REPONSE:

Au Nom d’ALLAH le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux, louange a ALLAH avant tout, louange à ALLAH après tout, louange à Allah un nombre de fois égal à celui de Ses créatures, suffisant pour avoir Son agrément, égal au poids de Son Trône et au volume de l’encre de Ses paroles.

Ô mon Dieu ! Prie sur notre seigneur Mohammed qui a ouvert ce qui était clos, et qui a clos ce qui a précédé, le soutien de la Vérité par la Vérité et le guide sur Ton droit chemin, ainsi que sur sa famille, selon sa valeur et à la mesure de son immense dignité. Et qu’Allah agrée Seïdina AHMED TIDJANI et qu’Il nous agrée par son agrément. AMINE

Wa ‘Alaïkoum assalam wa RahmatouALLAH wa Barakatouhou.

Au début je demande à ALLAH qu’Il vous soutienne et qu’Il accepte votre souci de s’acquitter des obligations religieuses. Multipliez l’invocation d’ALLAH et la demande du pardon et réfugiez-vous auprès de Lui.

ALLAH le Très Haut a dit :

« Ô les croyants ! On vous a prescrit le jeûne comme on l’a prescrit à ceux d’avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété .183. Pendant un nombre déterminé de jours. Quiconque d’entre vous est malade ou en voyage, devra jeûner un nombre égal d’autres jours. Mais pour ceux qui ne pourraient le supporter (qu’avec grande difficulté), il y a une compensation : nourrir un pauvre. Et si quelqu’un fait plus de son propre gré, c’est pour lui ; mais il est mieux pour vous de jeûner ; si vous saviez ! .184 » (Sourate la vache 2)

La femme doit rattraper ce qu’elle a raté comme jours de jeûne graduellement et en plusieurs fois. Si la femme doit rattraper un jeûne, qu’elle jeûne d’une façon qui ne lui soit pas nuisible pour son corps, ses enfants ou son travail.

Si elle est dans la capacité de rattraper son jeûne de façon continue (pendant l’hiver par exemple où les journées sont courtes), qu’elle le fasse. Sinon, qu’ elle fractionne son jeûne en jeûnant deux jours sur trois, ou bien un jour sur deux, ou bien en jeûnant le lundi et le jeudi de chaque semaine. Elle marque l’ensemble des jours rattrapés et elle en fait la somme jusqu’à ce qu’elle termine les jours qu’elle doit.

Si la femme est dans l’incapacité de rattraper son jeûne à cause d’une maladie chronique telle que le diabète ou autre maladie dont on ne guérit pas, elle doit alors faire une aumône pour chaque jour raté, cette aumône est d’un MOUD* (environ 600 grammes de céréales), à l’attention d’un pauvre.

Ceci représente ce qu’on appelle la petite expiation (kaffarat soughra) et cela sera suffisant si Allah le veut, pour le rattrapage, car elle est dans l’incapacité de le faire. Allah a ôté la contrainte pour les gens qui sont dans l’incapacité. Allah le Très Haut a dit : « Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité. Elle sera récompensée du bien qu’elle aura fait, punie du mal qu’elle aura fait. »

Cependant, dans votre cas, vous avez évoqué une longue période, dont le rattrapage représente une difficulté, vous devez donc vous acquitter de cette dette en donnant à manger à 60 pauvres comme expiation pour cette période passée.

Pour nous les malikites, l’expiation est obligatoire, et la meilleure façon de s’en acquitter est de donner à manger, c’est-à-dire à 60 pauvres. Pour chaque pauvre, un MOUD*, Il est préférable de rajouter au MOUD* un tiers ou la moitié pour celui qui habite en dehors de la ville. Pour les Malikites, ce MOUD* doit être de nourriture, c’est-à-dire de blé, ou riz, ou quelque chose de semblable. Il n’est pas obligé de le cuire ou de le préparer. Le sens de donner à manger c’est de donner. Si vous êtes dans l’incapacité de donner cela, vous pouvez donner de ce que vous mangez chez vous à condition de rassasier le pauvre deux fois. Si vous ne pouvez pas faire manger 60 pauvres en une fois, vous pouvez le faire en plusieurs fois, par exemple dix par jour jusqu’à clôturer les 60.

Le rattrapage est nécessaire dans le cas d’une maladie en donnant à manger à un pauvre pour chaque jour non jeûné pendant le mois de Ramadan (compensation). Donner à manger est l’avis de l’école de l’imam Malik, dans le cas où ce n’est pas possible à cause d’une difficulté financière ou une excuse valable empêchant de donner à manger, vous rattraperez dès que vous en aurez la possibilité, si l’état d’incapacité persiste il n’y a que la parole d’ALLAH : « Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité. Elle sera récompensée du bien qu’elle aura fait, punie du mal qu’elle aura fait » et la parole d’ALLAH : « Allah veut pour vous la facilité, Il ne veut pas la difficulté pour vous ».

Il faut savoir que pour celui qui est incapable de jeûner en raison d’une vieillesse ou une maladie chronique dont on n’espère pas la guérison, la compensation est obligatoire selon la majorité des savants (Joumhour), mais préférable seulement selon les malikites comme a dit l’imam Dirdiri (qu’Allah l’agrée) :

« Il est préférable de faire l’expiation (kaffara soughra) avec un MOUD* sur chaque jour à rattraper pour celui qui est atteint par une maladie ou une vieillesse qui l’empêche de jeuner pour toujours. Mais s’il peut rattraper son jeûne dans un temps ultérieur alors il le recule sans faire la compensation, car celui qui doit faire un rattrapage ne fait pas la compensation.

Et Allah est plus savant

Je demande à ALLAH pour vous l’acceptation et qu’Il fasse que vous soyez parmi le parti des femmes pieuses et adoratrices, et qu’Il nous place parmi les gens acceptés auprès de Lui. AMINE

Wa Salam ‘Alaïkoum wa Rahmatou ALLAH wa Barakatouhou

* un MOUD égal à 625 ml environ